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Minidoune's Blog

Des bouts de moi

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Jeudi (21/04/05)

Tristesse...

Ecrit par mon Amoureux

Hier matin je me réveille vers 11h (on s'était couché tard, faut dire, on a fêté la victoire du PSG à Lyon tout ça tout ça… et encore on s'est modérés). Je regarde les news sur Yahoo et tombe sur la liste des papabili : untel 77 ans, untel 62 ans, "trop jeune" (trop drôle aussi)… le favori, Ratzinger, qui a malheureusement été élu  (encore un conservateur… le sida a de beaux jours devant lui dans l'hémisphère sud, et les femmes peuvent s'asseoir sur leurs rêves de prêtrises), a 78 ans. Jean-Paul en avait 85, mais devrait être mort depuis 5 ans… et je pense à mon grand-père qui va fêter en famille dimanche ses 80 ans. Jamais je ne pourrais imaginer un poste ou à 62 ans t'es considéré comme un gamin… même pour la présidence de la République c'est pas le cas. Bref.

Puis je reçois un coup de fil. La rareté de ces derniers me fout parfois un tantinet le frisson quand ils surviennent. Les germes du petit vieux que je serai dans 30 ans et qui aura des barres à ses fenêtres, des verrous partout et qui votera pour des populos comme Sarkozy pour se croire en sécurité…

C'est ma mère. La fragilité de sa voix me donne l'entière certitude que, pour une fois, je n'ai pas eu tort de craindre le pire. Je pense alors de suite à ma grand-mère paternelle qui, depuis la déclaration du cancer du larynx de mon grand-père (guérit depuis, malgré sa canule dans la gorge et son appareil qu'il se colle au cou pour parler avec la voix d'un robot dans Star Wars), déprime totalement, se laisse aller… mes parents, ma tante craignaient le pire, s'attendaient à ce qu'elle fasse une bêtise, et voilà, a y est, c'est fini…

Ma mère m'annonce finalement la mort de mon grand-père de sa façon habituelle (du moins depuis la mort de mon autre grand-père en décembre 2003, puis celle de ma chienne l'an dernier) : "j'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer : Pépère est décédé". Elle me raconte que c'est mon oncle qui l'a trouvé ce matin, dans sa baignoire, que ma grand-mère n'était pas là vu qu'elle est à l'hôpital depuis vendredi suite à une chute, qu'il était venu manger le soir même
chez mes parents et qu'il allait bien, que mon père y est allé, que la police est sur place et que c'est tout ce qu'elle sait. Elle a également le cœur de me dire que mon oncle a pas de veine vu qu'à chaque fois qu'il a des vacances mon grand-père a un problème de santé ces derniers temps, et du coup il peut jamais partir… bref. J'entends derrière moi Minidoune baisser le son. Elle voudrait ne pas écouter qu'elle ne pourrait pas faire autrement, 14 m² obligent.

Pour la 3ème fois en moins d'un an et demi, depuis que j'ai déménagé en gros, j'apprends ça au téléphone, et je ressens la logique impression de vide comme un con, comme le cousin de province qu'on préviens pour la forme, parce que faut bien le prévenir ce pov'con. Je repense aussi au 28 mars, ou je l'ai vu pour la dernière fois pour mon anniversaire. Il avait pour habitude avant de partir de lancer "à jeudi, bonne fête de Pâques", et ce n'importe quand, et ce jour là, je lui avait dit qu'il pouvait vraiment le dire… je l'avais embrassé puis il était parti avec ma grand-mère.

Je lui dis que je ne sais pas encore quand je viendrais, peut-être ce week-end… j'avoue que j'ai un peu les idées embrouillées. Elle me dit que je peux venir quand je veux, elle a pas non plus l'air tout à fait prête pour Questions pour un Champion.

Une fois le téléphone raccroché, je fais la seule chose à faire, m'asseoir, tandis que je raconte tout à Minidoune, qui est alors effondrée, vu qu'elle avait quand même un peu compris. Je ne sais alors pas quoi faire. J'ai envie d'y aller, parce que ma mère est toute seule, et que voilà, j'ai envie d'être là-bas. D'un autre côté j'ai pas spécialement envie que Minidoune reste toute seule alors qu'on devait aller au ciné… enfin c'était surtout le fait de la laisser
seule qui m'emmerde. Finalement, elle réussit à me convaincre : à 16h et demi je suis chez mes parents, après avoir pris le train (et notamment mon ancien trajet de la fac… la nostalgie c'est pas toujours top… en fait ça l'est vraiment rarement).

Chez moi, rien ne change : peu de paroles, en dehors des dernières nouvelles (la thèse de l'accident est écartée : il a eu une attaque en voulant nettoyer un drap dans la baignoire), la télé est allumée sans que personne la regarde, mes frangins passent, ressortent… le deuil n'arrange évidemment pas les choses. Finalement je me décide à feuilleter le journal, je zappe un peu… on attend mon père et ma tante.

A un moment j'ai un vrai coup de blues, je prend la Mégane et vais me balader dans ce que j'appelle pompeusement l'arrière pays, c'est-à-dire les champs sur les hauteurs derrière la vallée de la Seine. J'écoute la radio, fenêtre ouverte, je fredonne. Comme toujours ça marche, ça me calme, et je rentre à la maison.

Là j'apprends qu'Adrien ne sait pas encore, et l'appréhension d'assister à cette scène pénible (mon frère rentre d'un air dégagé, balance son sac sur un fauteuil en demandant pourquoi je suis là, ma mère qui balance sa phrase de plus en plus habituelle, les yeux de mon frangin qui s'arrondissent…) n'aide pas ma nervosité à s'évacuer… je décide donc de sortir et de laisser un message vocal à Minidoune qui est normalement au ciné.

A un moment, ma mère me confie qu'apparemment mon frère Julien le vit mal : il ne dit rien, reste dans sa chambre. Je lui dit que ça ne change pas trop de d'habitude et que, d'une manière générale on communique rarement dans la famille, mais elle a l'air sûre de son sentiment… et une mère ne peut pas se tromper sur ce genre de choses, si ?

Finalement Adrien arrive, et la scène prévue (air dégagé – cartable balancé – phrase habituelle – yeux ronds) se déroule sans la moindre fausse note. La suite l'est moins : après un moment d'incompréhension, le naturel reprend le dessus : il file dans la cuisine casser la graine, avant de répondre, suite à mon interrogation, qu'il veut pas connaître de détails, qu'il s'en fout quoi, tandis qu'il s'assoit devant la télé. La routine reprend ses droits.

Finalement, le caniche nain au carré de ma mère nous fait comprendre qu'à travers sa cataracte elle a vu quelqu'un arriver. "C'est ton père, me dit ma mère, éteint la télé." Sans blagues ?

En fait le séjour se remplit d'un coup : mon père, qui m'accueille par un chaleureux "Ben ? Qu'est-ce qu'il fout là lui ?" (réaction que je range dans la colonne "j'ai une journée atroce", et que je ne relève pas), et accompagné de sa sœur jumelle, ma tante donc, et mon oncle, et ma cousine, son mari et son petit Hugo, 3 ans et un tempérament génial. Lorsque ma tante m'embrasse – me serre dans ses bras en larmes, je veux dire - j'ai droit à la première manifestation émotionnelle de ma journée, ce qui me bouleverse, et je lui rend son geste, sans goûter non pas mon plaisir, mais… mon soulagement ? Oh puis zut quoi, je savoure, voilà, c'est con hein ?

On s'assoit dans le salon, autour d'un verre, et ils nous racontent tous leur journée. Comment mon oncle, en arrivant à 10h du matin chez mon grand-père pour s'assurer que tout va bien, voit les volets fermés, la lumière allumée dans la salle de bain et entend la télé allumée, et décide d'appeler les pompiers. Comment mon père arrive, et voit mon grand-père en premier dans la baignoire. Comment les pompiers ont défoncé les volets renforcés par des barres pour rentrer, comment le SMUR est arrivé, puis la Police, qui a eu des doutes sur l'accident et a envisagé de faire une autopsie, comment mon grand-père a été mis dans un sac comme dans les films, puis transporté dans un fourgon d'un autre âge et super glauque… comment ensuite ils ont fait ce que tous ceux qui on appris la mauvaise nouvelle ont de suite appréhendé, moi compris : ils sont allés à l'hôpital afin d'apprendre la nouvelle à ma grand-mère, en se contentant de lui dire qu'on l'a retrouvé mort dans son lit afin de ne pas la perturber plus qu'elle ne l'est déjà… puis, laissant ma tante avec ma grand-mère, comment mon oncle et mon père sont allés régler quelques affaires, aux pompes funèbres notamment.

Moi de mon côté je me contente d'écouter, tout en jouant de temps avec Hugo. Celui-ci, voyant sa grand-mère fondre en larme à l'évocation de son après-midi avec sa mère qui a eu beaucoup de mal à y croire ("vous êtes sûrs qu'il ne dort pas ?"), demande alors à ma cousine pourquoi sa mamie pleure… comment expliquer ça à un gosse… "parce qu'elle est triste" lui répond-elle.

Finalement, ils repartent, et nous revoici à nouveau "en famille". On se fait à manger, moi j'appelle Minidoune pour lui raconter ma journée, puis je me mets sur l'ordi afin de chatter un peu avec elle ainsi que Catherine et Nico de la Samar, qui étaient là le 9. Mon père me dit alors, avant d'aller se coucher, que je dois venir demain (ce matin donc) voir ma grand-mère. J'appréhende carrément mais ne peut refuser… je tente une discussion père/fils : "dure journée ?" Lui : "Oui, non, enfin triste quoi…" Il va s'asseoir avec ses petits suisses. D'accord c'était désespéré, mais bon, je m'en serai voulu de pas avoir tenté le coup… je regarde "Collateral" avec Adrien, puis "Fight Club" tout seul et enfin, vers 3h du matin, je vais me coucher dans la "chambre d'amis"…

Le matin je me réveille vers 10h30 dans une maison vide… si l'on excepte les hurlements à la mort quotidiens de la chienne, provoqués par les départs successifs de tous. Mon père est parti sans me réveiller… j'ai plus qu'à me connecter pour voir si Minidoune est là et lire vos messages de réconfort si choux. Pas de Minidoune, aussi je me mets devant LCI et "On refait le match !", émission qui gagnerait à être filmée dans un décor plus conforme au niveau de ses débats, c'est-à-dire dans un bistrot… c'est là qu'Adrien se pointe et s'installe sur l'ordi pour jouer à "World of Warcraft", un jeu en ligne. Vers midi je parviens enfin à le virer (bah quoi ? Si je peux pas utiliser mes infâmes pouvoir de grand frère avec mon petit frère, je peux le faire avec qui ??) afin de pouvoir parler avec ma dulcinée. Mon père passe alors en coup de vent et m'annonce qu'ils iront finalement à l'hosto ce soir. Bon, tant pis… il me dit aussi qu'il me prêterait bien la 19 pour rentrer mais comme on a piqué ses roues arrière cette nuit… en effet, ça s'avère compliqué… je décide alors de rejoindre Minidoune à Maisons Laffitte en train, puis direction Paris.

Ecrit par Minidoune, à 19:22 dans la rubrique "Récits des autres".

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